«Jamais la nature ne nous trompe; c’est toujours nous qui nous trompons.» Qu’est-ce qui rend les idées de Rousseau pertinentes aujourd’hui ? Le mouvement romantique, qui domine la première moitié du 19e siècle, a été supplanté par la révolution technologique. La fascination pour la technologie a trouvé sa place dans le Bauhaus, alors que l’Art Nouveau a progressivement disparu. La fin de la Seconde Guerre mondiale fut le tournant de l’obsession technologique et le début de l’évaluation critique. Les idées de Rousseau ont pu renaître dans le mouvement écologique. J'ai découvert Rousseau au milieu d'un changement culturel, après avoir déménagé de l'Ukraine. Le monde a changé rapidement... enfermée dans un appartement de Los Angeles avec peu d'accès à la nature, je suis passé par un moment d'isolement affectif et physique. Ce projet de documentaire a été lancé dans un cours sur l'histoire de l'éducation artistique avec le Professeur Edie Pistolesi, pendant lequel j'ai écrit un court-métrage « Émile au 21e siècle. » Cela m'a fait réfléchir au défi d’élever des enfants dans une société contemporaine. Est-ce qu’Émile peut même être imaginé au 21e siècle? La quête de vérité et de beauté semble s'être perdue dans le monde postmoderne, où tout est regardé à travers un prisme de scepticisme. Le monde me rappelle le voyage d'Alice au Pays des Merveilles, où tout est discutable, fragile et incertain. Alors que le scepticisme sain est un aspect nécessaire de la vie, ce n'est que le moyen, et non la fin. Peut-être est-ce pourquoi l'éducation est si importante. Comme nous enseignons aux enfants à se questionner sur le monde qui les entoure, n’y a-t-il pas autre chose qui peut être inculqué aux jeunes esprits? Je pense souvent à la nouvelle génération d'enfants (y compris mon frère adolescent). Ils semblent être radicalement différents de la génération de mes parents et grands-parents. Tout en appréciant cette différence, je n'aime pas nécessairement tous ses aspects. Quelque chose semble être perdu ou manquant. L'idée principale de Rousseau dans « Émile, ou de l'Éducation » est d'élever un être humain autonome. Je crois que cet aspect de la théorie de l'éducation de Rousseau est encore présent aujourd'hui. Le terme « autonome » est lié à être « capable de penser de manière critique, une personne indépendante ». Le monde change, tout comme les moyens d'atteindre cet objectif. « On ne songe qu’à conserver son enfant ; ce n’est pas assez ; on doit lui apprendre à se conserver étant homme, à supporter les coups du sort, à braver l’opulence et la misère, à vivre, s’il le faut, dans les glaces d’Islande ou sur le brûlant rocher de Malte. […] Il s’agit moins de l’empêcher de mourir que de le faire vivre. Vivre, ce n’est pas respirer, c’est agir ; c’est faire usage de nos organes, de nos sens, de nos facultés, de toutes les parties de nous-mêmes, qui nous donnent le sentiment de notre existence. L’homme qui a le plus vécu n’est pas celui qui a compté le plus d’années, mais celui qui a le plus senti la vie. » De nos jours, survivre à la révolution numérique peut sembler plus important que de survivre « dans les glaces d’Islande ou sur le brûlant rocher de Malte ». Avons-nous survécu ou avons-nous été asservis par elle? Le nombre d'enfants (et adultes) obsédés par les jeux vidéo et d’ordinateur me fait remettre en question la valeur du progrès technologique. Il y a deux côtés à une médaille. Nous devrions regarder en arrière dans l'histoire pour les leçons apprises et regarder vers l'avenir pour appliquer ces leçons. C'est la façon dont je perçois le but de l'éducation. 
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